Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
des noeuds dans mes cheveux
26 mars 2017

Passage d'un pervers narcissique dans ma vie professionnelle - 4ième partie - fin

A cette époque, nous changions régulièrement de DSI (directeur des services informatiques). J'ai eu l'occasion d'écrire une application sur un nouveau langage informatique (le JAVA). J'ai pu utiliser mes connaissances universitaires et montrer que j'étais tout à fait capable.

Quand mon deuxième enfant s'est enfin annoncé, j'ai d'abord caché ma grossesse aux chefs mais j'ai mis mes collègues femmes dans la confidence. Je ne voulais pas qu'on brise tous mes efforts pour m'impliquer sur les nouvelles technologies.

J'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir le directeur pour lui dire que je ne voulais pas être mise au placard une nouvelle fois. Il m'a répondu qu'il avait bien entendu le message mais qu'il ne pouvait être sûr de l'organigramme 6 mois plus tard.

En effet, quand je suis revenue de congés maternité, un nouveau DSI était là et il avait pour mission de réorganiser en profondeur les services informatiques.

La vizirette (toujours sous emprise) avait profité de mon congé maternité pour devenir vizir à la place du vizir qui essayait de devenir calife à la place du calife. Sous la pression du petit vizir, elle avait accepté de renoncer à un troisième enfant pour avoir le poste. Avoir la vizirette comme chef et comme grand chef le petit vizir, là non, c'en était trop.
J'ai dit et répété comme une menace "Si ça se passe mal, je prends un congé parental à temps complet et je cherche du travail ailleurs". Cette solution de repli me donnait beaucoup de force et de courage. Merci à L. ma collègue de l'avoir répété aux bonnes personnes.

Le DSI voyait chaque employé en entretien. Quand ce fut mon tour, j'ai expliqué que je n'avais pas les mêmes méthodes de travail que la vizirette, que nous n'étions pas compatibles et j'ai parlé du harcelement du petit vizir en disant que ça allait mieux et que je n'étais pas sûre que le petit vizir soit conscient de son comportement. le DSI a tiqué et a affirmé "Il ne faut plus que vous travailliez ensemble. On va vous trouver un autre poste."

Il m'a proposé un poste de chef de projet dans une autre équipe (une promotion). Et il s'est engagé à remonter les salaires féminins sur plusieurs années. Oui, nous étions payées 10% de moins que le moins bien payé des mecs ! Une coïncidence parait-il ...

Le petit vizir a fait des pieds et des mains pour me garder. Il m'a promis un poste (vide d'après ma petite enquête). Il a soutenu que j'étais indispensable (tiens donc !). Mais J'avais tout documenté avant de partir en congés maternité, et je l'avais bien précisé au DSI. Il a réussi à gagner quelques mois.

Dès sa prise de fonction, la vizirette a craqué : une grosse dépression avec anorexie et tendance suicidaire. La vizirette était lessivée !

Il m'utilisait pour lui rajouter de la pression en me confiant ses dossiers ... J'ai tenté de clarifier la situation mais .... elle était déjà partie en arrêt maladie. Elle ne mangeait plus, ne dormait plus ...

Le plus étonnant est qu'elle a accusé un service client d'être la cause de son burn out et elle a continué à le voir avec des yeux de merlans frits.

Aujourd'hui, je me demande s'il ne l'a pas poussé à bout pour m'obliger à rester. Il me l'a d'ailleurs proposé. Je n'ai pas voulu profiter de la situation. Je trouvais ça plus élégant de partir dans un autre service. Et puis comme je l'ai dit à la crème des chefs, "Je ne voulais pas y laisser ma peau". Fuir ce genre de personne est la meilleure solution.

Pendant 3 mois, nous avons dû compenser son absence. Nous étions tous épuisés. Le petit vizir "s'amusait" à changer mes plannings comme si j'allais rester dans son équipe, alors que j'attendais mon nouveau poste. Mes collègues se tournaient vers moi pour prendre les décisions nécessaires. Mais je leur répondais que je n'étais pas payé pour être chef de projet. Officiellement le petit vizir assurait l'intérim en plus de son nouveau poste.

En décembre, épuisée, je n'arrivais pas à résoudre un bug dans le programme le plus complexe de notre application. Je chantonnais inconsciemment depuis des jours "I send a SOS to the word" de Police et "Tous les cris des SOS" de Balavoine.
Un autre air hantait cette période aussi "Avant que j'm'en aille ... Jouer à qui perd gagne" issus de Des attractions désastres de Etienne Dao.

J'ai fini par envoyé un mail de SOS un jeudi matin. J'ai trouvé la réponse le lundi matin suivant dans ma boite mail. Ca commençait par "Dans la mesure où ... " et terminait par l'ordre de venir travailler le mercredi (j'étais en congés parental à 80% donc pas payé pour travailler le mercredi). Il me reprochait entre autre d'être partie à l'heure le vendredi pendant que mes collègues faisaient des heures supp ... Il les avait bien mis en copie, histoire de nous diviser ... Tout le contenu courrier en lui-même était une preuve de harcèlement.

Là, j'ai craqué. Impossible de m'arrêter de pleurer pendant une heure à la machine à café devant tous ceux qui passaient par là et à qui j'expliquais qui m'avait mis dans cet état. L'assistante de direction a fini par me prendre dans son bureau pour que je me calme. J'ai ensuite appelé le médecin et passé une heure ou deux à imprimer tout ce qui pourrait me servir pour me défendre. J'ai passé de très mauvaises vacances de Noël à rédiger une réponse. Une amie a relu la 6ième version et m'a aidé à la finaliser (Merci encore à elle). Elle m'a conseillé de terminer en rappelant que j'attendais toujours mon nouveau poste.
Dès mon retour de congés (maladie puis congés payés), j'ai envoyé ma réponse à TOUTE la hierarchie  + la RH + mes collègues qui étaient déjà en copie. J'ai aussi fait des copies "pour m'excuser de mon comportement peu amical" au près de certains collègues.

J'ai été convoqué avec le petit vizir par le DSI. Devant le DSI, le petit vizir me disait d'une voix mielleux, presque sirupeuse "Mais je ne cherche pas à te faire de mal" (Dans ma tête : cause toujours ...). J'ai soutenu en toute honnêté que je n'avais pas eu le temps de terminer une tâche parce qu'il m'avait demandé d'en faire 3 autres en plus. C'est lui qui avait fait les évaluations de charge, il ne pouvait donc pas me reprocher quoique ce soit. Je ne pouvais pas être au four et au moulin.
D'ailleurs, mes collègues avaient travaillé à deux pour finir mon travail, preuve que ce n'était pas si simple et si rapide ...

J'ai pris mon nouveau poste 2 mois plus tard.

Mon nouveau chef s'est étonné de voir mon lapin martyr, un cadeau d'une grande marque que j'avais laissé sur mon bureau pour lui tordre le cou et lui planter les ongles dans sa tête remplie de petite billes ... mon défouloir que j'ai pu rangé quelques mois plus tard.

J'ai passé mon entretien annuel (vous savez celui où on fait le bilan et on fixe de objectifs, celui où il faut demander une augmentation ...) avec mon ancien chef et le nouveau. Et le vizir n'a pas eu honte, devant témoin, de chercher encore une fois de me monter contre une collègue en insistant lourdement pour que j'aille lui dire un truc qui l'aurait fâché (j'ai oublié quoi). De guerre lasse, j'ai cédé en façade sachant que je n'en ferai rien car ça ne servirait qu'à me la mettre à dos alors qu'on se soutenait depuis des mois envers et contre lui.

Fin de l'histoire : Il est devenu calife à la place du calife. 
Mais bizarrement (ou pas), les derniers temps il ne s'occupait plus des humains. Il n'avait en charge que les sous ...

La vizirette a demandé plusieurs fois à changer de service (quand même). Après un échec dans un autre service, elle a demandé à venir dans le mien. Et mon (nouveau) chef a accepté ! Je l'ai prévenu que je refusais de la former une fois de plus.
Mais rien que de la voir en face de moi et d'entendre sa voix grinçante ... Grrr ! C'était un comble. Le comble de la vizirette ! Bah ! Elle serait plus à plaindre qu'autre chose ... elle qui se voyait comme "un bon petit soldat", elle qui lui obéissait au doigt et à l'oeil les yeux fermés.

Puis l’entreprise a succombé à un redressement judiciaire pour d'autres raisons. Et j'ai définitivement été débarrassée du petit vizir et de la vizirette.

 
Mon regard aujourd'hui :

Voilà ! Moi qui pendant des années pensais être nulle, j'ai envie de m'applaudir. Bravo ! Bien joué ! Tu as été forte, courageuse, subtile, honnête, entière, créative. Tu as su rester toi-même. Tu peux être fière de toi.

Mais je pense que j'aurais dû partir, chercher du travail ailleurs, fuir et ne pas m'infliger tout ça. Parce que tout ça m'a usée et j'ignore jusqu'à quel point.

D'un autre côté, peut-être avais-je besoin de tout ça pour grandir et mûrir ?

Maintenant, il ne me reste "plus qu'à" faire le tri et une visite à la déchetterie ou un grand feu de tous les documents que j'ai gardé au cas où ... 

Vous vous demanderez peut-être pourquoi je suis restée ? Parce que je trouvais ça injuste de devoir partir, de quitter un travail et un lieu qui me convenait avec des conditions de travail avantageuses. Pourquoi devrais-je tout perdre alors que je n'ai rien fait de mal ? Pourquoi abandonner ce que j'ai patiemment acquis et construit en toute honnêteté ?
Je ne voulais pas céder. Je ne voulais pas qu'il gagne la partie. J'aurai trouvé ça immoral.
La solution qu'on m'a proposé était gagnant-gagnant, j'ai sauté sur l'occasion.

C'est très difficile de prouver le harcèlement d'un pervers. Tout est oral. Les collègues, quand ils sont enfin conscients que son comportement est anormal, ne veulent pas témoigner par peur des conséquences. Difficile de briser la loi du silence. 

Alors j'ai imprimé les plannings avant qu’Is ne changent, j'ai appris que les comptes rendus d'activités ne servaient pas qu'à me fliquer, ils m'ont aussi servi à me défendre et avoir des preuves ... Toutes les armes sont à double tranchant.

J'ai mis plus de temps à comprendre qu'il faut reformuler par écrit (par mail) les ordres oraux, une forme d'accusé de réception pour se couvrir. J'ai appris à ouvrir mon parapluie.

J'ai appris à "jouer au con" pour l'obliger à clarifier ses ordres. Il a bien compris mon manège : "Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es." mais il était bien obligé de rendre son discours moins flou.

J'ai appris l'hypocrisie qui protège quand la franchise ne sert à rien qu'à se faire du mal.

J'ai fini par lui citer Coluche : "On nous prend pour des cons et on voudrait qu'on soit intelligent. Mais comment qu'on ferait alors ?" mais je lui parlais d'une autre personne ...

Une de mes plus grandes fiertés est qu'un jour lui a échappé cette phrase «Je n’y arrive pas avec toi ».
Dommage qu'il ait essayé ...

Publicité
Publicité
Commentaires
des noeuds dans mes cheveux
  • Youpi, j'ai des nœuds dans mes cheveux ! J'ai commencé ce blog à l'occasion de la reconstruction pour vous livrer pêle-mêle mes ressentis, mes coups de gueule et mes astuces. Malheureusement, je le continue avec une récidive sur le foie.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 58 701
Derniers commentaires
Publicité