Pourquoi je ne serai jamais infirmière ?

Depuis toujours, le monde médical me fait fuir.

Ce n'est pas que la vue du sang me fasse peur ou m'horrifie. Quand on est une fille, on est régulièrement confrontée à ce liquide visqueux ... Ce n'est pas plus dégoutant que la salive ou les larmes.

J'aime aider les autres, ce n'est pas un problème. Dans mon métier, j'aidais les autres.

Mais je crois que j'ai trop de respect pour l'intégrité physique de mon prochain (et la mienne). Il m'est impossible d'introduire un corps étranger dans un corps humain. Même mettre du collyre dans les yeux de mon bébé me demande un effort immense.

De même, toute intrusion dans mon corps est pour moi une violence, une agression physique.

Et puis, j'ai beaucoup trop d'empathie : je me mets à la place de l'autre. Et comme je ne voudrais pas qu'on me fasse de piqure, perfusion et compagnie ... il m'est impossible de le faire aux autres. On m'a répété toute mon enfance : "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fassent".

Et je serai très malheureuse de la soufrance des autres. Je crois que ça me minerait ...

Non, vraiment, c'est plus facile de dresser et contrôler un ordinateur qui n'a pas d'état d'âme ! 

Mais comment fait le "corps médical" ? Comment se protège-t-il psychologiquement ? La douleur devient-elle banale, normale ?

Il me faudrait vraiment être sûre d'agir pour le bien du malade et ne surtout pas douter ! Bien-sûr dans un combat contre le cancer, c'est "A la guerre comme à la guerre" ... Je crois qu'à leur place, je passerai mon temps à expliquer ce que je fais et pourquoi, un peu pour rassurer le patient, un peu pour emporter son adhésion, et aussi un peu pour me déculpabiliser et me rassurer ou me ré-assurer.

Je m'interroge encore : Sur quels ressorts sont basées les vocations ? L'empathie ? la soif de pouvoir face à la maladie ? face aux patients ?

Faut-il avoir une vocation ? Devient-on infirmier/ière simplement parce qu'on en est capable ?

J'ai entendu cette phrase un jour : "Soigner les autres, c'est se soigner soi-même." Alors, est-ce pour se soigner, pour soigner son estime de soi, pour réparer des fractures psychologiques, qu'on soigne les autres ?

En tout cas, je pense vraiment que ce n'est pas un métier comme un autre.

Comments

[catricotine]

Mon petit fils de 3 mois hospitalisé je suis comme toi en admiration devant toute cette patience et leur tire moi aussi ma reverence!

courage tout plein à toi <3