A quoi bon ?
A quoi bon toutes ces souffrances, à quoi bon tous ces efforts ?
A quoi bon, puisque tout s'arrêtera un jour ? Même si je gagne ce combat. Même si vous devenez le roi du monde ou l'homme le plus riche et le plus puissant.
Et à quoi bon avoir peur aussi ?
Je m'interroge sur ce qui nous fait peur dans la maladie. Elle nous met face à notre finitude. Cette finitude que nous passons notre vie à essayer d'oublier. Cette finitude que notre société nous cache. Elle qui invente sans cesse de quoi nous distraire de nous-même. Elle qui prône le jeunisme et la bonne santé. Ce grand mensonge. Non, ce que vous achetez (ou pas) ne vous gardera pas jeune et beau et en bonne santé. Non, ce que vous mangerez ou ferez ne vous épargnera pas les maladies.
Et si le but de nos vies est simplement mourir, alors à quoi bon se démener comme un beau diable pour gagner quelques euros de plus. Notre argent ne nous suivra pas dans notre cercueil. Nos remords non plus ? Nos remords de ne pas avoir su vivre ? Je ne sais pas.
Bien sûr que la société ne va pas nous dire "arrêtez de travailler comme des esclaves. Ça ne vous sert à rien. Vous allez mourir quand même et vous serez passé à côté de vos vrais besoins". Comment rester motivé en étant "à-quoi-bonniste" ?
Bien-sûr que la société préfère nous voiler la face. C'est plus rentable pour les entreprises capitalistes.
À quoi bon me prendre la tête avec mon fils pour qu'il fasse ses devoirs et apprenne ses leçons ? À quoi bon ? Oui, c'est vrai qu'il faut bien le mettre sur la bonne voie. Il a toute une vie devant lui, mieux vaut qu'il soit bien armé.
Oui, une maladie mortelle comme le cancer fait peur encore parce qu'elle touche tout le monde et n'importe qui, même les enfants. Parce qu'on ne sait pas toujours (ou toujours pas) la guérir.
Parce qu'on en meurt. Ben oui. Faut pas se voiler la face. On va tous mourir un jour ou l'autre. Même si on vit comme si on était immortel. Ce grand mensonge !
Alors je veux vivre les yeux grand ouverts, lucide jusqu'au bout.
A quoi bon ? Je ne sais pas. C'est dans ma nature. Je ne peux pas et je ne veux pas me laisser mourir.
A quoi bon ? Pour profiter des bons moments. Et le jour venu, partir en paix avec l'impression d'avoir bien rempli ma vie.
D'avoir vécu ce qu'il m'était donné de vivre.